🟢 État actuel : Abandonné
⌚ Temps d'explo : 2h30
🧗‍♂️ Difficulté d'accès : 1,5/5
đź‘Ť Note de l'explo : 2/5
Bienvenue dans cette exploration du sanatorium Paul Spillmann, un Ă©tablissement mĂ©dical chargĂ© d’histoire et aujourd’hui laissĂ© Ă l’abandon…
Introduction (Jour 1 du road-trip Maginot 2019)
Inspiré par les vidéos de Mamytwink et par l’histoire de ces ouvrages de guerre, je décidais de me lancer dans l’exploration de la ligne Maginot. Je savais que cela me demanderait beaucoup de travail de préparation, mais j’étais plus motivé que jamais.
Il est 18 heures 30, un vendredi soir d’hiver. J’ai rendez-vous chez Lucas Ă 19 heures. J’ai fini de charger le coffre ; je rĂ©cupère mon sac, tremblant d’excitation. Cela fait plus de 2 semaines que je prĂ©pare ce voyage et le jour J est arrivĂ©. On dĂ©cide de profiter de NoĂ«l pour partir 3 jours jusqu’au lundi.
La route s’annonce longue. J’ai prĂ©vu quelques visites bonus sur notre route. En voici la première que nous dĂ©cidons de faire ce soir, avant de trouver un endroit pour dormir…
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Un peu d’histoire
Nous sommes en 1891, quelque part en Lorraine. L’hiver s’annonce rude alors que les conditions de travail des ouvriers sont très peu enviables et que la pauvreté augmente. La population est alors plus vulnérable à la maladie : basses températures, alimentation réduite et hygiène insuffisante affaiblissent les systèmes immunitaires.
La maladie de la tuberculose ne tarde alors pas à toucher la ville et fait rapidement des morts. La médecine de l’époque n’avait d’autre méthode pour contenir la contagion que d’hospitaliser les individus touchés et de les séparer de la population saine. Cependant, les hôpitaux généraux n’étaient pas adaptés en termes de techniques de soin et en termes d’isolation des patients. C’est alors que le sanatorium populaire permis aux tuberculeux un accès aux soins que n’avaient auparavant pas les classes moyennes du temps des sanatoriums privés.
C’est alors ici, dans cette ville lorraine, que les professeurs Paul Spillmann et Paul Haushalter décident en 1899 de construire pour la région un hôpital pour soigner les malades atteints de la tuberculose. Le sanatorium suivra le modèle de traitement le plus efficace de l’époque : le modèle allemand.
Le sanatorium Paul Spillmann, photo 1902
De nombreuses assemblées se succèdent alors afin d’établir un budget et de récolter les fonds suffisants à la construction. Les élus nomment Paul Spillmann président du Conseil d’Administration, qui fixe l’existence du sanatorium à cinquante ans. L’architecture imaginée par Spillmann, grandiose, s’inspire de ses nombreux voyages en Allemagne.
La galerie de cure des hommes, photo 1907
Le bâtiment principal est ici rĂ©servĂ© aux patients hommes. Plus tard, on construit une seconde aile d’une capacitĂ© de cinquante lits dite « pavillon finance » pour y accueillir des femmes.
En 1914, la guerre Ă©clate. L’armĂ©e rĂ©quisitionne le sanatorium pendant quatre ans et les troupes en casernement en font leur nouveau logement.
Le bâtiment et son pavillon finances derrière les troupes, photo 1914
A la fin de la guerre, le bâtiment a subi des dĂ©gâts importants. Cependant, le manque de fonds retarde la rĂ©novation et les travaux de rĂ©parations ne sont engagĂ©s qu’en 1921. C’est alors qu’on agrandit le bâtiment et passe sa capacitĂ© d’accueil Ă 130 lits. On ajoute notamment une annexe supplĂ©mentaire cotĂ© pavillon finances et une horloge centrale de façon Ă rendre le bâtiment entièrement symĂ©trique. On rĂ©amĂ©nage Ă©galement les balcons et le troisième Ă©tage.
Le sanatorium Paul Spillmann après rénovation, photo 1924
Pendant la guerre de 39-45, l’hôpital garde cette fois sa fonction de sanatorium et accueille les – toujours nombreux – patients qui encombrent les services de tuberculeux de la région.
En 1949, l’établissement n’est plus en accord avec les nouvelles normes établies par le décret de 1948 et de nombreux travaux ainsi qu’une réorganisation administrative s’imposent. Le sanatorium est contraint de fermer temporairement ses portes et les malades les plus graves sont transférés aux établissements les plus proches.
A la réouverture, trois ans plus tard, sont construit aux abords de l’hôpital un immeuble pour accueillir le personnel de l’établissement, un pavillon individuel pour loger le médecin adjoint, une grande salle de réunion qui servira par ailleurs de salle de fêtes, puis dans les années soixante, un bâtiment dévolu à l’administration et une conciergerie.
L’apparition de l’antibiotique dans le traitement de la tuberculose ainsi que les progrès en chirurgie dans les années 50 révolutionna complètement les méthodes de soin de la maladie. Le sanatorium « germanique » comme l’avait conçu Spillmann n’est plus.
Progressivement, la tuberculose disparait et le sanatorium Paul Spillmann est reconverti en hôpital de traitement des maladies pulmonaires et respiratoires diverses. Enfin, il est relocalisé en 2006.
Depuis lors, le bâtiment est à l’abandon et est devenu le terrain de jeu des jeunes de la ville et des airsofters…
Un projet de réhabilitation du site en logements fait surface en 2018. Les travaux n’ont toujours pas commencés.
Le projet de transformation, image 2018
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Images satellite du site en 2006 et 2019
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L’exploration du sanatorium Paul Spillmann
Retour Ă notre Ă©poque. Nous arrivons après deux heures de route au bas de la longue allĂ©e qui mène Ă l’hĂ´pital. L’ambiance est assez oppressante. De l’autre cĂ´tĂ© du trottoir, l’ampoule dĂ©fectueuse d’un lampadaire clignote de manière anarchique.
Malgré tout, nous commençons l’ascension de cette route montant vers la colline. Après seulement deux minutes de marche, nous entendons une voiture dans notre dos. Nous sautons dans les buissons longeant la route pour nous cacher. La voiture ne nous voit pas. Bizarre… Qui est-ce ? Où va-t-il ?? Nous continuons la marche avec une certaine appréhension.
Quelques minutes plus tard, nous arrivons sous l’arche qui symbolise l’entrĂ©e sur le domaine, bordĂ©e par le bâtiment administratif et la conciergerie. J’aperçois alors un bâtiment illuminĂ©. Cela m’inquiète, normalement on n’Ă©claire pas un bâtiment abandonnĂ©. Je comprends que c’est en rĂ©alitĂ© l’ancien immeuble du personnel soignant qui a Ă©tĂ© rĂ©habilitĂ© en logements ; le sanatorium se trouvant plus loin. Nous n’étions pas au courant de la nouvelle situation du bâtiment, ce qui complique la tâche… Nous devons ĂŞtre très discrets.
Une dizaine de pas plus loin, la voiture qui nous a dĂ©passĂ© s’est garĂ©e sur le cĂ´tĂ©, moteur tournant et feux allumĂ©s. On s’arrĂŞte. Deux hommes sortent du vĂ©hicule et se dirigent vers nous ; le premier remarque mon appareil photo : « Vous venez pour le sanatorium ?? ». On entame alors une discussion et ces deux hommes s’avèrent ĂŞtre très sympathiques. On Ă©change nos comptes Instagram et ils nous prĂ©viennent d’être prudents. Ils sont venus la semaine d’avant et quelqu’un les a vus depuis les appartements. La police est venue les interpeler. Finalement, nous ne saurons jamais pourquoi ils sont venus ici. Quelle rencontre Ă©tonnante…
Direction le bâtiment
Nous nous dirigeons donc vers une première annexe sur la droite afin de ne pas nous rapprocher de l’immeuble : c’est le pavillon du médecin adjoint.
Il n’y a pas d’entrĂ©e ici, on a murĂ© toutes les ouvertures. Nous marchons donc vers le bâtiment principal de l’hĂ´pital. J’ai alors un petit frisson. Cela fait toujours sensation lorsque l’on se retrouve devant un bâtiment si impressionnant. Ça parait toujours plus petit sur les photos… Je dĂ©ploie mon trĂ©pied pour faire ma première photo du site. Impossible de faire le focus en pleine nuit Ă cette distance, je dois Ă©clairer brièvement la façade, tant pis.
Ă€ l’intĂ©rieur du sanatorium Paul Spillmann
Nous faisons le tour avec l’objectif bien sûr de trouver une entrée. Finalement, elle est derrière. C’est bien, nous sommes plus tranquilles. Une fois à l’intérieur, pour être honnête : assez grosse déception. Le bâtiment est complètement vide, les murs cassés ou tagués. L’intérêt photographique est très bas, surtout de nuit, même s’il y a toujours quelques surprises…
A l’étage, pas grand-chose de plus si ce n’est que quelques vestiges d’une cuisine.
Arrivés sur le balcon, on a une belle vue sur la ville illuminée.
Nous entamons donc le retour, un peu déçus. Mais sans oublier que nous somme venus pour la ligne Maginot !
Il s’agit maintenant de trouver un endroit où dormir. A deux heures passées du matin, c’est raté pour une nuit à l’hôtel. Nous prenons alors la route vers la ville pour trouver un endroit isolé et garer la voiture. Nous enfilons nos sacs de couchage et nous préparons pour une nuit glaciale.
Ă€ suivre…