🔴 État actuel : Démolition
⌚ Temps d'explo : 4 heures
🧗‍♂️ Difficulté d'accès : 2,5/5
đź‘Ť Note de l'explo : 4/5
Bienvenue dans cette exploration de la Zeche DB, un complexe minier centenaire…
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Introduction
C’est à l’occasion de mon Road-Trip en Allemagne de 2020 que je me rends pour la première fois à la Zeche DB. La démolition a déjà commencé et nous avons la bien mauvaise surprise de trouver le site parsemé d’engins de chantier. Les engins ont déjà éventré le bâtiment central, et des photos circulent déjà sur Instagram avec la mention R.I.P. Après un essai rapide non concluant pour trouver un accès au site, nous nous résolvons à admettre qu’il est trop tard et que le site est « dead » ; et c’est bien triste que nous continuons notre route.
Deux ans plus tard, je me retrouve à nouveau dans la Ruhr pour de nouvelles explorations. C’est l’été, les journées sont longues et j’ai du mal à me résoudre à rentrer dès 17 heures. Et pourquoi ne pas retourner à la Zeche DB, par curiosité, pour voir l’avancement de la démolition ?
Le site n’est qu’à quelques minutes de routes de notre position. Arrivés sur place, je suis surpris de constater que le site n’a quasiment pas bougé depuis ma dernière visite ! Je crois qu’on peut dire merci au COVID cette fois ci…
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Un peu d’histoire
L’histoire de la Zeche DB commence au début des années 1900 alors que le la région de la Rhur fait partie du plus grand Etat Allemand : la Prusse. L’exploitation minière est en pleine expansion au début du XXème siècle et l’Etat fédéral décide d’acquérir plusieurs terrains miniers sur son territoire pour nationaliser l’exploitation des mines de charbon ou de houille. En 1907, l’Etat fait construire les puits 1 et 2 de la Zeche DB, suivi d’une cokerie en 1912. Les machines d’extraction tournent à plein régime et la production dépasse le million de tonnes par an. Le site est une fierté de l’État, tant pour son rendement que pour son architecture.
Vue aérienne du site comprenant la cokerie et les chevalements des puits 1 & 2, photo vers 1920
Entrée principale du site avec, au second plan, le chevalement du puits 1, photo vers 1920
Malheureusement, la Seconde Guerre mondiale met un frein à l’évolution du site. Les obus ont complètement détruit le chevalement du puits 2. Malgré tout, l’avenir du site est loin d’être perdu. Quelques années après la fin de la guerre, on fait reconstruire le puits 2 puis déplacer la cokerie sur le site voisin en 1953. Le puits 3 est construit en 1956, surmonté d’une tour fermée. C’est un système moderne qui remplace les habituelles salle des machines et chevalement en treillis d’acier. On construit ces tours d’un bloc qui abritent alors directement les machines d’extraction au dernier étage afin de libérer de l’espace en surface et faciliter l’introduction de plus gros équipements sous terre.
Vue aérienne du site comprenant, du dernier au premier plan, le nouveau puits 3 et son circuit de wagonnets, le lavoir à charbon, le puits 1, le puits 2, photo vers 1960
Alors que l’extraction houillère est à son apogée, la Zeche DB subit plusieurs rachats et fusions avec d’autres mines voisines, et ce n’est pas moins de 6000 mineurs qui y travaillent. A la fin des années 90, la Zeche DB est le plus grand complexe minier de la région.
En 1990, la mine fait combler le puits 2. Elle fait également reconstruire le puits 1 entre la fin des années 90 et le début des années 2001 avec une toute nouvelle tour d’extraction fermée moderne à l’instar du puits 3.
Vue aérienne du site montrant la nouvelle tour fermée du puits 1, photo vers 2000
Malgré tous ces efforts de modernisation, le complexe subit de fortes pressions financières alors que le rendement diminue. Et, même si l’on estime que les réserves de charbon en sous-sol auraient permises de maintenir l’extraction jusqu’en 2020, la mine est définitivement fermée, fin 2008. Plus de 1700 ouvriers travaillaient encore sur site jusqu’à cette date. La plus vielle tour, celle du puits 2, est démolie l’année suivante.
La démolition du site commence en 2018 avec le lavoir, puis une partie du « circuit de wagonnets » autour du puits 3. Seuls les bâtiments administratifs resteront et seront réaménagés comme c’est déjà le cas pour certains. L’ensemble du site sera dépollué et laissera place à des espaces verts, des logements ; tel est l’avenir, vraisemblablement écrit d’avance, de tous les anciens sites industriels en Europe…
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L’exploration de la Zeche DB
Retour à notre époque : Pris d’excitation et surtout d’espoir, nous nous affairons à trouver un accès au complexe. Aussitôt dit, aussitôt fait, nous marchons vers l’imposante tour verte du puits 1 siglée des lettres D.S.K. Nous apercevons déjà le lavoir à charbon, éventré, et de nombreux tas de gravats au sol.
Puits 2
Arrivés au pied du puits 2, le plus vieux, dont la tour n’existe plus depuis longtemps, nous essayons de trouver un moyen de grimper. Tous les escaliers ont été coupés… c’est parti pour une séance d’escalade. Nous nous retrouvons donc face au reste des installation du puits 2.
Puits 1
Direction maintenant le puits 1, équipé lui, contrairement aux deux autres, d’un ascenseur à personnel et à matériel. La différence d’époque est flagrante !
Nous empruntons les interminables escaliers qui nous mènent au sommet de la tour, vers la machine d’extraction, en passant par les niveaux intermédiaires…
Malheureusement, ils ont déjà démonté la machine… laissant place à un grand espace vide. Nous commençons à nous demander s’il reste réellement quelque chose d’intact au puits 3. Ici, il reste tout le même le poste de l’opérateur, plutôt bien conservé. Malgré tout, la hauteur de la tour nous laisse une superbe vue d’ensemble sur le site !
Puits 3
C’est en croisant les doigts que nous nous dirigeons vers le puits 3.
Nous apercevons du coin de l’œil un des retourneurs à charbon en contre-haut ! Génial, ils sont toujours là . La salle est intacte !
Le circuit wagonnets en action, photo 2005
Sortie des wagonnets du puits et triage vers les retourneurs, photo 2005
Derrière le puits, l’entreprise de démolition a déjà arraché tout le reste du circuit à wagonnets.
Nous terminons la visite par l’ascension de la tour, en priant pour que les machines soient toujours là .
Poste opĂ©rateur de la machine d’extraction du puits 3, photo 2005, © Florian Wagner
Demi-tour donc après cette visite plus que satisfaisante après être partis pessimistes. Nous passons une dernière fois sous les restes du lavoir à charbon et quittons le site avec une superbe vue sur la centrale thermique voisine.
Ă€ suivre…