🟠 État actuel : Démolition

⌚ Temps d'explo : 4 heures

🧗‍♂️ Difficulté d'accès : 3/5

đź‘Ť Note de l'explo : 4/5

Bienvenue dans cette exploration de l’Acciaierie Verde, anciennement numéro 2 des sites sidérurgiques italiens

 

– Road-Trip juillet 2021 –

avec el_celestinoo

 

Introduction (Jour 5 du road-trip Italie 2021)

 

Cinquième jour de notre road trip en Italie de 2021. Explorer l’Acciaierie Verde était un bel objectif de ce voyage. Si beau, que j’avais finalement peu d’espoir de réussir à l’infiltrer.

Le principal problème des road trips, c’est que l’on peut difficilement prĂ©voir et choisir les horaires d’exploration. Ça l’est d’autant plus quand le planning est chargĂ©, si l’on veut se tenir un minimum Ă  ce dernier… MalgrĂ© tout, il vaut peut-ĂŞtre mieux des fois mieux faire quelques kilomètres en arrière et revenir le lendemain matin. C’est mieux que de se prĂ©cipiter en une fin d’après-midi.

C’est donc ce que nous faisons. Mais nous ne pouvons pas rester trop longtemps, au risque de devoir faire des concessions sur d’autres très beaux lieux.

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Un peu d’histoire

 

Nous nous situons sur une zone portuaire Italienne vieille de 16 siècles, au cœur d’une région étroitement liée à l’exploitation du minerai de fer. Utilisé à travers des époques pour la flotte militaire, la pêche et le commerce, c’est lors de l’implantation de nouvelles usines sidérurgiques au milieu du XVIIIème siècle que le port connaît un développement historique.

La construction du site sidérurgique commence par une aciérie équipée d’un haut-fourneau à bois et d’un convertisseur de type Bessemer, le premier en Italie. L’idée de l’entrepreneur Anglais, épaulé par deux ingénieurs Italiens, était de faire travailler les détenus de la prison voisine dans la nouvelle usine. Il voulait ainsi transformer la petite ville d’agriculteurs et de pêcheurs en grande ville ouvrière, tout en profitant du marché grandissant de la production d’acier.

Mais, malgré l’emplacement géographique stratégique, cette première usine est un échec financier cuisant. Elle ne produira de l’acier que pendant un an. Les coûts d’investissement et d’approvisionnement du minerai par la mer, ainsi que le manque de rendement rendent l’entreprise insolvable.

Grâce Ă  des aides financières provenant de diverses sources, et dans les dix annĂ©es qui suivirent, diffĂ©rentes amĂ©liorations ont Ă©tĂ© apportĂ©es Ă  l’usine. D’abord l’ajout d’un deuxième convertisseur de type Martin-Siemens, puis le remplacement du revĂŞtement rĂ©fractaire du convertisseur d’origine, permettent d’amĂ©liorer son rendement. Ces amĂ©liorations permettent Ă  l’usine de « survivre », en s’arrĂŞtant puis redĂ©marrant plusieurs fois, mais tout en attirant de plus en plus d’ouvriers.

Les difficultés rencontrées par l’usine dans ses débuts sont notamment dues à la concurrence d’usines voisines dites « ferrières ». Elles produisent de l’acier de moindre qualité en plus grande quantité et à moindre coût à partir d’anciennes ferrailles qui sont fondues dans des fours électriques.

Ce n’est qu’à partir de 1882, près de 20 ans après sa création, que l’avenir de l’usine devient prometteur. Reprise par de nouveaux entrepreneurs, l’usine est spécialisée dans la production de fer blanc. De nouvelles lignes de chemin de fer sont construites et permettent de transporter nouveaux ouvriers et matériaux. Le nombre d’employés de l’usine double, de même que le nombre d’habitants de la ville.

Vue d’ensemble, archive 1866

 

Entre 1890 et 1900, l’état Italien décide d’investir massivement dans le chemin de fer. Les effets sur la sidérurgie sont doubles : l’accélération des échanges de matériaux et de personnel d’une part et l’augmentation de la demande de fer pour la création des voies elles-mêmes d’autre part. L’usine est alors en plein essor et s’agrandit avec la construction d’un four à coke, d’un haut fourneau à coke, de laminoirs pour produire barres, billettes, poutres, rails, et d’une centrale électrique. Elle devient alors en 1909 la première usine sidérurgique Italienne à cycle complet.

Vue d’ensemble, archive annĂ©es 1900

 

Après la construction du HF2, archive années 1910

 

L’Acciaierie Verde devient productrice principale de rails de chemin de fer. Elle attire tellement d’ouvriers que la ville fait face à d’importants problèmes de logement.

Les annĂ©es suivantes, avec ces problèmes, l’augmentation croissante des rythmes de travail et les salaires mĂ©diocres, les ouvriers commencent Ă  faire part de leur mĂ©contentement Ă  travers les premières grèves. MalgrĂ© cela, le dĂ©clenchement de la Première Guerre mondiale augmente encore la demande de production. L’usine connaĂ®t alors son « dernier rush » avant une baisse d’activitĂ© drastique en sortie de guerre.

Dans l’aciĂ©rie, archive annĂ©es 1920

 

Mais, l’année suivante déjà, la production reprend petit à petit pour atteindre rapidement des niveaux similaires à ceux atteints avant la crise. L’activité continue de suivre sont cours sans escale et s’agrandit encore avec la construction de nouvelles usines d’estampage des traverses métalliques pour le chemin de fer, et ce jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale.

Dans les laminoirs, archive années 1930

 

La première centrale électrique, archive années 1935

 

L’usine est alors contrôlée par les autorités allemandes puis finalement détruite dans ses trois quarts par des bombes larguées par les Américains. Néanmoins, elle est reconstruite au complet durant 10 ans pour occuper 900 000 m² traversés par 45km de voies ferrées et 10km de routes internes. En 1961, l’Acciaierie Verde représente 55% de la production nationale d’acier et 80% de la production de fonte.

Plan du site

 

Dans l’aciĂ©rie, archive 1953

 

Convertisseur Ilgner alimentant les moteurs du train 850 des laminoirs, archive 1953

 

Stockage de rails, archive vers 1955

 

La nouvelle centrale électrique, archive années 1955
La salle des pompes, archive 1961 & 1970

 

Vue sur les 3 hauts-fourneaux et, en bas Ă  gauche, la centrale Ă©lectrique, archive 1960

 

DĂ©chargement des fours Ă  coke, archive 1961

 

Système d’ordinateurs de calcul IBM , archive 1964-1967-1973

 

Entre 1965 et 1990, l’usine subit ses dernières rénovations de reconstructions pour suivre les avancées technologiques. Les 3 hauts-fourneaux sont rénovés plusieurs fois chacun et, en 1978, le HF4, plus grand et plus moderne, est inauguré. En 1981 l’usine emploie plus de 7700 employés, ce qui restera le record atteint dans son histoire. Cette apogée est pourtant chaotique pour le développement culturel de la ville. Elle ne prend plus en compte que la construction des logements ouvriers. L’acier écrase alors toutes les règles de l’urbanisme, le respect de l’environnement et le patrimoine local. Il devient finalement le seul intérêt de la ville.

CĂ©rĂ©monie d’inauguration après travaux de rĂ©novation du HF1, archive 1966

 

Coulée au HF1, archive 1967

 

CĂ©rĂ©monie d’inauguration après travaux de rĂ©novation du HF1, archive 1976

 

Construction de la coulée continue 1, archive 1974

 

Construction du nouveau haut-fourneau 4, archive 1976

 

Installation des soufflantes du HF4, archive 1976

 

CĂ©rĂ©monie d’inauguration du HF4, archive 1978

 

Le HF4 en fonctionnement, archive 1979

 

Vue d’ensemble depuis le Nord, archive vers 1975

 

Les années qui suivirent sont ponctuées de très nombreux rachats et restructurations qui mènent à de nombreuses grèves, licenciements, et une baisse progressive de l’activité. En 1991 est émise pour la première fois une proposition d’arrêt définitif de l’usine, sa démolition, et le rétablissement des sols pour un projet d’installations respectueuses de l’environnement. Le projet a été alors appliqué à certaines usines voisines mais pas ici.

Dans l’aciĂ©rie, zone de rĂ©chauffage des poches, archive 1980

 

Dans les laminoirs, archive 1997

 

CĂ©rĂ©monie d’inauguration du HF4 après travaux de rĂ©novation, archive 1998

 

Finalement, l’usine survivra encore 20 ans et le HF4 réalisera sa dernière coulée de fonte en avril 2014, après que l’entreprise détentrice des activités ai été déclarée insolvable. C’est la fin de l’aciérie.

Cependant, ce n’est pas la fin du site, car, l’année suivante, un nouvel acquéreur rachète le site en partie, rénove et remet à l’usage les bâtiments d’estampage et le laminage pour la production de stratifiés et de billes de broyage. Aujourd’hui, des projets de remise en route de fours électriques sont toujours sans nouvelles alors qu’une partie du site est laissée à l’abandon…

EDIT 2023 : D’après les images satellites, la démolition du site s’est subitement accélérée à partir de 2022. On peut voir plusieurs bâtiments déjà détruits.

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images satellite du site en 2006 et 2023

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L’exploration de l’Acciaierie Verde

 

Retour à notre époque : Nous venons de nous garer, quelque part dans le port, avec un objectif principal, visiter la centrale électrique qui doit son nom à la teinte verdâtre que donne le toit à la lumière.

Je n’ai pas d’info particulière quant à l’accès au site. Ce dernier est entouré d’un mur en briques d’environ 4 mètres de haut… infranchissable, sauf si l’on sait grimper aux arbres ! Une fois à l’intérieur, nous sommes déjà tout proches du bâtiment convoité. Pas d’ouvriers à l’horizon, mais nous passons entre deux énormes transformateurs électriques qui émettent un fort bourdonnement, preuve d’activité sur le site.

Nous arrivons rapidement face au bâtiment et les portes sont condamnĂ©es, mais il semble y avoir un passage par le dessous du bâtiment. Finalement, après quelques acrobaties entre un enchevĂŞtrements de tuyaux, c’est sans très grande difficultĂ© que nous rejoignons un escalier nous permettant de remonter au niveau 1, le plancher de turbines…

 

La centrale

 

 

La salle est unique avec ces tons verts et son côté « decay », pas facile à photographier par contre.

 

 

Comme toutes les photos d’Ă©poque sont en noir et blanc, aucun moyen de savoir si la salle Ă  toujours Ă©tĂ© dans cette couleur…

 

 

La salle de contrĂ´le, en revanche, est inaccessible. Mais sur le balcon se trouve tout de mĂŞme un grand pupitre de commande.

 

 

 

Maintenant que nous avons visité la centrale, nous pouvons partir à l’extérieur en direction des autres installations. Mais l’horloge à déjà bien tournée et nous savons déjà que nous n’aurons pas le temps de nous rendre au HF4 (les HF1,2, et 3 sont déjà détruits au moment de la visite).

 

 

La cokerie

 

 

Nous continuons la visite par ce qui semble être les laminoirs, ou trains continus. En passant devant la grande porte sectionnelle du bâtiment, je m’arrête net. Les lumières sont allumées ! Je précise que malgré les informations données dans le paragraphe historique, je n’avais aucune connaissance d’une quelconque reprise d’activité au moment de la visite. C’est donc avec la peur de tomber nez-à-nez avec un ouvrier que je glisse discrètement mon appareil photo par l’ouverture et prends quelques clichés avant de déguerpir vers la direction opposée.

 

Les laminoirs

 

 

Nous sommes sur le site depuis presque 4 heures et, même si la tentation est forte, nous allons devoir renoncer à l’aciérie et au HF4 et nous diriger vers la sortie, si nous ne voulons pas compromettre le reste du voyage. Voici encore quelques clichés du site, en suivant le chemin retour.

 

Les extérieurs

 

 

Encore des turbines ! Belle surprise ! Mais malgré toutes les recherches que j’ai pu mener, je n’ai trouvé ni photo d’époque, ni la fonction de ce bâtiment.

 

 

Ă€ suivre…

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